Amélie Pochet, femme de chambre chez la Comtesse de Prémilly, devient cocotte et rebaptisée, pour la galanterie, Amélie d’Avranches… La Comtesse se révèle être la maîtresse de Marcel Courbois, meilleur ami d’Etienne de Milledieu, qui entretient Amélie.
Marcel, reçoit la visite de son parrain belge, venu lui remettre son héritage, à condition qu’il se marie… ! Etienne doute de la fidélité d’Amélie et demande à son ami de s’occuper d’elle pendant une courte absence. En échange, elle sera la fausse mariée de Marcel. L’honneur d’Amélie et la fortune de Marcel seront saufs.
Mais le parrain s’impose, ainsi qu’un Prince Russe qui s’est entiché d’Amélie. Il en résulte une série d’incidents, contretemps, catastrophes, quiproquos, mensonges, et coups de théâtre…
Impossible de « s’occuper d’Amélie ». On ne « dresse » pas Amélie, elle ne plie pas, elle n’obéit pas.
Elle vie sa vie dans la joie et le rire… irrésistible !
Note de mise en scène
FEYDEAU INÉDIT…
Au sommet de sa gloire, Georges Feydeau écrit en trois actes (avec un seul entr’acte, et onze personnages) son vaudeville le plus gai, le plus enthousiasmant. « Occupe-toi d’Amélie »… mais le directeur du théâtre des Nouveautés, où la pièce doit être jouée, exige un acte supplémentaire pour obtenir un long spectacle avec deux entr’actes (presque quatre heures, avec trente-quatre personnages)… Feydeau refuse, puis finit par céder (en écrivant - l’histoire est célèbre, en une nuit, l’acte dit du « mariage »)… Ce sera son dernier grand vaudeville, sa dernière œuvre joyeuse ; les pièces en un acte qui suivront seront des chefs-d’œuvre d’humour plus que noir.
La nouvelle version d’ « Occupe-toi d’Amélie » au théâtre de la Michodière, correspond à la première version voulue par l’auteur, qui n’a jamais été jouée. Un siècle plus tard, voici un
Feydeau inédit…
UNE ILE HEUREUSE…
Quand il écrit la pièce, Feydeau vient de vivre des heures difficiles : il s’est ruiné au jeu et il quitte sa femme. Tout à l’idée, sans doute, de se venger du mariage et de la famille bourgeoise qu’il a subis et qu’il réprouve (il écrit simultanément « Feu la mère de Madame », où le portrait au noir de l’épouse légitime est féroce), et, pour s’en échapper, il a aussi l’idée d’inventer un monde à part, un théâtre qui soit une île heureuse. Un univers où s’expriment et où se comblent tous les désirs de l’homme… Une bulle de plaisir, où vivre sans contrainte avec une belle jeune femme, libre et joyeuse, bonne fille et sensuelle, consentante et légère, sans complexe et sans méchanceté, au service de l’homme qui l’entretient et obtient en retour la joie et les plaisirs qu’il demande…
Telle est Amélie, telle est sa nature, telle est sa fonction. Elle est faite pour la joie et le bonheur.
Pierre Laville